Theodora, la fulgurante "Boss Lady" au Montreux Jazz

L’engouement pour l’artiste était tel que le festival s’est vu contraint, pour la première fois, de mettre en place une billetterie, malgré la gratuité de l’événement.

Un bus des transports publics VMCV (Vevey Montreux Chillon Villeneuve) photographie ce lundi 30 juin 2025 à la Grand-Rue à Montreux. © KEYSTONE/Cyril Zingaro

Tête d'affiche de la programmation gratuite du Montreux Jazz Festival (MJF), la chanteuse franco-congolaise Theodora se produira mercredi au bord du Léman. Face à l'enthousiasme du public, les organisateurs ont dû mettre en place un système de réservation de billets.


C'est la première fois dans l'histoire du festival que l'accès à un événement gratuit se fait via la billetterie. Près de 5500 personnes étaient connectées lundi soir dernier sur le site du MJF pour obtenir un précieux sésame, alors que seules 550 places sont disponibles pour assister au show de celle que l'on surnomme la "Boss Lady", programmée sur la scène Spotlight, une infrastructure inédite de cette 59e édition.

Née à Lucerne, Theodora a connu une ascension fulgurante ces derniers mois, raconte à Keystone-ATS David Torreblanca, directeur des opérations et responsable de la programmation du MFJ. "J'ai rarement vu un ou une artiste exploser pareillement", relève-t-il.

Repérée fin 2024 par les organisateurs du MJF, l'artiste de 21 ans peut se targuer, depuis, d'avoir été élue Révélation féminine lors de la cérémonie des Flammes (le pendant des Victoires de la musique pour les cultures populaires), de voir la plupart de ses concerts se jouer à guichets fermés et d'avoir un "single" sacré disque d'or.

Son viral

Sa chanson "Kongolese sous BBL" - ce sigle désignant une opération chirurgicale visant à augmenter le volume des fesses - est sortie en novembre 2024 et l'a propulsée au sommet. Fruit d'une collaboration avec son frère Jeez Suave, le son est rapidement devenu viral, trouvant son écho sur TikTok et auprès des jeunes. "Cette ascension était pratiquement imprévisible", remarque M. Torreblanca.

Sa recette? "Un incroyable mélange de styles hyper tendance, hyper actuel et hyper frais qui parle à tout le monde", s'enthousiasme le programmateur. Entre hyperpop, RnB, hip-hop, rap, mais aussi shatta ou encore bouyon, l'artiste donne l'impression de composer en toute liberté et spontanéité. "Elle fait aller ses tripes et son coeur", dit-il.

"Pour la musique noire"

Theodora, qui avait dédié sa Flamme à "toutes les petites filles noires un peu bizarres", rappelle régulièrement sa réalité de femme racisée et la portée politique de ses projets. "C'est pour les enfants de la diaspora, pour notre musique à nous, pour la musique noire", avait-elle lancé après réception de son prix en mai dernier. "Le terme est très symbolique. 'Noir' n'est pas un genre. Il s'agit de dire 'on est là pour exister'", analyse M. Torreblanca.

Theodora portera son projet "Bad Boys Lovestory (BBL)" et sa version augmentée "Mega BBL" sur scène mercredi en deuxième partie de soirée, après le concert de l'Américain Matt Hensen. Après son passage à Montreux, la "Boss Lady" se produira encore une fois en Suisse, à l'Openair de Frauenfeld le 10 juillet. Pour les personnes prêtes à traverser les frontières - pas seulement musicales -, une dizaine de dates ont été programmées en Europe cet été.

ATS
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